Prier pour les malfaiseurs ?

par Jean Podevin

Nous sommes souvent invités à prier pour la paix, pour les hommes politiques, et pour les très, (trop) nombreux chrétiens morts martyrisés, morts pour n’avoir pas renié leur foi ou ne pas être comme la majorité de leur environnement religieux.

Certes ils ont tous besoin de notre prière, ne serait-ce que pour les soutenir dans les épreuves terribles auxquelles ils font face. C’est réellement épouvantable !

Nous sommes également invités à chaque Eucharistie à prier pour notre Pape, nos évêques et prêtres ou diacres… même si c’est un acte gratuit, ce n’est pas pour rien que nous le faisons, souvent volontiers. Nous prions même pour les prisonniers…

Mais si je crois que la prière peut changer un peu les choses, les gens comme les événements, je dois aussi prier notre Dieu pour les gens qui tuent par conviction, qui tuent par obéissance ou fanatisme. …Alors, je prie pour Ben Laden et ses disciples, pour Daesh et ses militants, je prie pour KIM Jong-Un prince de la Corée du nord, comme nous aurions pu prier pour les colons américains venus d’Europe et qui ont tué les indiens, ou les envahisseurs espagnols vis-à-vis des tribus d’Amérique du sud, comme pour Hitler qui a assassiné tant de millions d’êtres humains, ou encore les riches armateurs qui exportaient des esclaves ou les capitalistes véreux, ou … ou … et ce n’est pas fini.

Alors oui, mon Seigneur, je prie pour ces criminels, ces assassins, ces despotes peu éclairés, ces Néron, ces fascistes, ces grands qui tuent en voulant éliminer toutes concurrences, pour s’enrichir ou pour dominer le monde qui les a faits.

Oui je prie pour eux comme pour tous ceux qui les entourent, innocents ou non, complices ou non, souffrants ou non, je prie pour que leur cœur s’ouvre à l’amour des autres. Oui je prie pour qu’un jour ils puissent demander pardon…et l’éternité ne suffira peut-être pas pour certains. Cependant, reconnaissons-le simplement : connaissez-vous des despotes qui se soient repentis sincèrement ? Alors pourquoi prier pour eux, puisqu’apparemment cela ne changera rien ? Voilà une vraie question. Alors pourquoi prier pour eux ? Pourquoi prier pour ceux qui souffrent et pas pour ceux qui font souffrir ? La prière va-t-elle changer le cours de l’histoire pour les uns ou les autres ? Pas sûr et les preuves ne manquent pas.

Mes prières seraient-elles des paroles en l’air ? Et pourtant je prie et souhaite que mes paroles, venues droit du cœur du pêcheur que je suis, aient un peu d’efficacité. Alors, prier, qu’est-ce que ça change ? .

  • Il est sûr que le premier changement s’opère en moi… qui reconnais ma grande infériorité par rapport à mon Amoureux de Créateur.
  • Elle accentue l’image de la grandeur d’un Dieu bon et « tout puissant ».
  • Elle me rend dépendant des personnes pour qui je prie.
  • Elle me rend responsable quelque part de la mise en place d’un monde de paix et d’amour.
  • Elle me met en situation non pas d’infériorité (quoique !) mais d’humilité, devant des êtres qui veulent s’imposer en portant atteinte à la liberté de leurs frères humains. C’est cette apparente faiblesse qui peut engendrer des modifications de comportement (c’est toujours à vérifier… je reste sceptique).
  • C’est de toute façon une manière de reconnaître que l’homme est un fétu qui vacille au gré du souffle de l’Esprit Saint, ou une mèche encore fumante susceptible d’embraser le monde.

Terminer ce propos par une forme de poésie veut signifier mon incompréhension mais aussi ma confiance en ce Dieu qui nous appelle à sa droite.

Quant à Jésus, ce que je sais, c’est que sa dernière prière fut : « Père, pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font », en parlant des deux larrons qui l’entouraient au Golgotha.

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