Fin stratège ?

par Jean Podevin

Il aurait pu venir de Mésopotamie, là où la culture était avancée, ou de l’Inde où les traditions étaient déjà fort riches, ou l’Egypte, la puissante Egypte, déjà fort imprégnée de la puissance divine… il aurait aussi pu choisir d’initier quelques savants, scrutateurs de l’univers, mathématiciens, de riches généraux ou envahisseurs, ou même des marchands influents et navigateurs parcourant le monde… 

Pourquoi faire ?  Pour annoncer qu’il allait sauver le monde ?

C’eût en effet maladroit de sa part : régner sur le monde en s’appuyant sur les puissants. C’eût été une erreur fatale. Ou alors sur des philosophes en recherche de la vérité ? Il y en avait un certain nombre parmi les cultures de l’époque, cultures très variées, de notre monde méditerranéen ou d’Asie, aux dimensions parfois étranges mais souvent détournées par les disciples… ou l’histoire.

Aucune cependant n’arrivait à atteindre une dimension qui dépassait l’homme, ou l’Homme dans sa globalité. Aucune n’avait une dimension emmenant l’humain dans un univers lui ressemblant tout en le dépassant largement. Tous ces chercheurs restaient profondément humains… sans ambitions. Presque limitant l’homme à lui-même, limitant l’homme à l’humain et à l’image qu’il se faisait alors de lui-même. Mais l’homme vaut mieux que cela ! Dieu en était persuadé ! et il n’a pas changé d’un iota ! 

Les puissants sont sûrs d’eux-mêmes et ne comptent que sur eux, et donc Dieu ne peut qu’être un sérieux concurrent sauf si on fait croire au peuple qu’on est son égal ! 

 Alors qu’a-t-il fait pour donner du large à l’esprit de l’être humain ? Il a trouvé un vieux berger, honnête et courageux, marié et sans enfants, qui en gardant ses bêtes avait le regard penché sur lui-même et sur l’univers qui l’environnait, de jour comme de nuit. Son obsession était de comprendre ce qui le dépassait, le pourquoi de la vie, qui en état responsable et quel était son avenir. Dans son entourage, assez religieux, on disait alors des faibles ou des impuissants, des hommes sans descendance… comme Abraham, que leur problème serait peut-être résolu en faisant un cadeau au Dieu créateur, et que, comble du comble, si par hasard un enfant venait quand même à naître, il fallait le sacrifier en remerciement… 

Un jour, madame Abraham, Sarah, tombe quand même enceinte… l’enfant naît et après quelque temps de réflexion, sans doute pour « sacrifier » aux coutumes locales, le papa emmène son fils unique au sommet d’une colline et s’apprête à le tuer, pour dire merci à Dieu, comme prévu.

Mais le cœur de père n’arrive pas à se résigner, d’une part à assassiner son fils, et, d’autre part, à croire que Dieu créateur puisse exiger pareille rançon: « Dieu, en bon père, est comme moi : il ne peut qu’aimer son fils qu’il préfère bel et bien vivant, Il ne peut qu’être amour … et donc pourquoi le tuer ? »  Il n’y avait qu’un berger, moine de la nature, un homme simple pour penser tout cela ! Il s’avère qu’il a eu raison puisque cette intuition plutôt forte a fait un bon bout de chemin : jusqu’à nous, en passant par ben d’autres péripéties…dont l’arrivée du propre Fils du Père créateur…qui a été sacrifié, mais ressuscité …grâce à qui ? à son Père ! 

Excellente stratégie qui consiste à faire passer le destin d’un peuple par le cœur aimant d’un père.   

 

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