Homélie du dimanche 14 octobre 2018

28ème dimanche ordinaire B

N-D de Lourdes ; 14 octobre 2018

Par l’Abbé Etienne MOTTE

Premières Communions de Elycie, Marin, Pauline, Louis, Augustin, Sixte et Tina

Lectures : Sg 7, 7-11 He 4, 12-13 Mc 10, 17-30

« Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »

Cet homme-là, il est habitué à faire. Et, jusqu’ici, ça lui a réussi. Mais le désir de la vie éternelle, c’est d’un autre ordre.

Pour cela, il s’adresse à Jésus, en qui il reconnaît une proximité particulière avec Dieu.

Jésus répond à sa question : « Tu connais les commandements. »

Et Jésus rappelle les commandements. Pas tous, cependant. Il ne rappelle ici que ceux qui concernent notre relation aux autres. Il ne mentionne ici pas ceux qui concernent notre relation à Dieu.

La rencontre pourrait se terminer ici. En termes de « faire », Jésus a dit ce qu’il « faut » faire. Cependant, l’homme est toujours là, devant Jésus. Parce que cette observance des commandements « depuis [sa] jeunesse » n’a pas répondu à son désir d’avoir en héritage la vie éternelle. Il lui en faut plus.

Il se passe alors un événement comme une espèce de coup de foudre spirituel : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima ».

Et Jésus lui dit : « Une seule chose te manque ». Il ne continue pas en disant : il te manque ceci ou bien tu n’as pas cela. Jésus continue en l’invitant positivement à quelque chose.

Alors ? Comment deviner, comment dire ce qui lui manque ?

Dans le langage d’aujourd’hui, on pourrait dire que cet homme a tout pour être heureux. Et Jésus cible sur le fait qu’il lui manque une chose. Une seule.

Peut-être, justement, ce qui lui manque, c’est qu’il n’a pas connu le manque, la précarité, la détresse. Non seulement, il a de grands biens, mais il a même tout bon par rapport à l’observance des commandements. Peut-être s’est-il toujours suffi à lui-même. Peut-être a-t-il toujours tout obtenu par lui-même ? Peut-être, dans sa vie d’adulte, n’a-t-il jamais été en situation de dépendre de quelqu’un d’autre que lui. Ni pour les affaires des hommes, ni pour les affaires de Dieu.

Jésus l’invite à se mettre en situation d’avoir besoin des autres. Mais là, cet homme n’a pas le cœur d’aller. La traduction mot à mot nous dit : il était ayant de grandes possessions. Ce n’était pas seulement une possession, c’était un état. C’était « être ». Peut-être qu’il n’aurait plus vraiment été lui-même s’il avait vendu tout ce qu’il avait…

Il s’en va, « tout triste ». J’imagine que Jésus s’attriste, lui aussi, en faisant ce constat : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le Royaume ! » Mais Jésus va plus loin : « Comme il est difficile (cette fois, il n’est plus question seulement des riches) d’entrer dans le royaume de Dieu. » Et plus loin encore : « Pour les hommes, c’est impossible. Mais pas pour Dieu. » Oui, il y faut l’engagement de Dieu.

Nous sommes partis de la question de cet homme : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »

La fin de notre évangile va se poser comme en symétrie par rapport à cette demande.

« Nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà – c’est étonnant : en ce temps déjà – le centuple : – la même énumération reprend, à une exception près, le père et un ajout, ensuite – maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. »

La voilà, la vie éternelle qui était demandée au début de notre rencontre.

Il s’agissait de faire, il s’agit maintenant de recevoir.

Quelqu’un qui est trop riche, quel bien attend-il, quel bien reçoit-il des autres ?

Qu’ont-ils fait, ceux qui ont, comme dit Pierre, « tout quitté pour suivre [Jésus] » ? Ils ont laissé se creuser de la place en eux-mêmes, et alors ils ont pu recevoir.

Les enfants qui allez communier au corps du Christ pour la première fois ! Mercredi, nous avons parlé d’invitation. Nous avons bien dit que Jésus vous invite, nous invite. Veillez à ce qu’il y ait de la place dans votre cœur pour le recevoir.

Je reviens à cet homme riche. Jésus ne le retient pas. Dieu ne nous force pas à recevoir ce qu’il veut – et peut – nous donner. Notre contribution libre, c’est simplement de nous faire un cœur disposé à recevoir. Gratuitement.

L’eucharistie de ce matin nous invite à être dans ce temps de la grâce.

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