Homélie – 31 mars 2019 – 2ème Scrutin des Catéchumènes du Doyenné

Homélie et Lectures de la Messe

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Homélie enregistrée lors de la messe le dimanche 31 mars à Saint-Martin. Lectures de l’année A

Homélie (version texte):

Avant de commenter cet Évangile, je vais m’adresser aux servants d’autel et leur demander ce que j’ai dans la main, ce que vous voyez … [des graines de carottes] … Oui, vous avez raison : c’est bien un sachet avec des graines, et vue l’image qu’il y a sur le paquet, on peut deviner que ce sont des graines de carottes… Si je prenais les graines, c’est tellement petit que, si je vous avais posé la même question, vous auriez peut-être dit « des graines », mais pas des graines de carottes.

Pourquoi je vous dis cela ? Eh bien, c’est que le sachet de graines de carottes, c’est l’évidence de ce que nos yeux peuvent nous faire connaître .Mais pourtant, quand je dis « je vois un sachet de graines de carottes », est-ce que nous avons tout dit de ce que contient ce sachet ? Nous n’avons fait que regarder l’apparence… comme le faisait le prophète Samuel. Or, vous avez entendu ce que le Seigneur dit. Il prévient : « ne considère pas son apparence. Dieu ne regarde pas comme les hommes. Les hommes regardent l’apparence mais le Seigneur regarde le cœur ». Alors oui , nous sommes appelés à dépasser ce qui nous apparaît immédiatement pour avoir un regard plus profond. Dans mon sachet de graines, Dieu ne voit pas seulement les graines : il voit déjà tout le potentiel que ces graines portent en elles. Dans la minuscule graine de carotte, Dieu voit déjà la carotte, il voit même le champ de carottes, il voit même les hommes qui vont travailler la terre, qui vont nous permettre, à nous, de recueillir les carottes !

C’est ce même regard que Dieu porte sur nous : il ne voit pas seulement ce que nous sommes aujourd’hui, mais aussi ce que nous pouvons devenir. Evidemment, ce n’est pas automatique. Si les graines restent dans leur sachet, il ne faut pas compter voir les carottes! Les carottes ne viendront qu’au terme d’une mise en terre, d’une germination souterraine, puis d’une croissance avec l’apport d’eau et la lumière du soleil…

Tiens justement, de l’eau et de la lumière! Voilà qui doit parler à vous catéchumènes qui êtes ici : l’eau était présente au scrutin de la semaine dernière où la femme Samaritaine passait de l’eau du puits à la source d’eau vive qu’est Jésus. Et aujourd’hui, avec l’aveugle né, voilà que cet homme est d’abord guéri de sa cécité par Jésus, mais sa transformation ne s’arrête pas là : il n’ouvre pas seulement les yeux, il en vient à reconnaître en Jésus d’abord un prophète, puis comme fils de l’homme, puis comme Seigneur… et il se prosterne. Il atteint ainsi la clairvoyance du cœur.

Face à cet aveugle guéri qui devient croyant, saint Jean dans l’Evangile oppose « ceux qui savent » et qui vont refuser obstinément de reconnaître en lui l’envoyé de Dieu. Jean nous montre deux sortes d’aveuglement : la cécité naturelle, et puis, beaucoup plus grave, l’aveuglement du cœur. Jean joue avec les trois verbes : « Voir, Savoir, Croire » : Ce que nous croyons vient-il de ce que nous savons ? Ou de ce que nous voyons ?

L’Evangile nous montre les pharisiens : Ils sont ceux qui ‘savent’ : ils ‘savent’ qu’un aveugle-né est pécheur : « tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance». Ils ‘savent’ aussi qu’il n’est pas permis de travailler le jour du sabbat. Or Jésus guérit précisément l’aveugle ce jour-là ! Donc, ce que fait Jésus ne veut venir de Dieu. Empêtrés par leur savoir, ils en arrivent à nier que l’aveugle ait été guéri. Ils refusent de croire que Jésus a agi pour lui. Ils préfèrent s’enfermer dans le soupçon : soupçon envers l’aveugle qui est harcelé de questions ainsi que ses parents. Soupçon envers Jésus : il ne peut être le Messie choisi par Dieu, c’est évident ! .Avec de telles évidences, ils ne voient pas, ils ne croient pas : ils sont vraiment aveugles ! Leurs préjugés, les étiquettes posées sur les gens, les empêchent de voir ce que Jésus fait pour cet aveugle.

A notre époque encore, je crains que le soupçon et les préjugés ne continuent à faire des ravages. Car le soupçon empêche la confiance. Ce que nous savons ou croyons savoir peut faire écran à la foi.
Mais même ce que nous voyons peut être un obstacle à la foi, nous empêcher de croire. Car nos yeux ne voient que l’apparence des choses. Je reviens à David : personne ne pensait à lui pour être roi : poète, musicien, trop jeune…. Mais, précise la lecture : « les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde au cœur ». C’est de Dieu que David recevra sa force, et c’est en étant fidèle à Dieu qu’il se révèle comme un grand roi.

Voilà qui peut encore nous alerter aujourd’hui : .assaillis d’images, nous pouvons en rester à l’émotion suscitée par un évènement, d’ailleurs vite éclipsé par un autre. Prenons-nous le temps de vérifier ? Prenons-nous le temps de comprendre ce qui se passe ? Et quand quelque chose d’inattendu survient dans notre vie, savons-nous dépasser ce qui « saute aux yeux », pour replacer cet évènement nouveau dans tout l’ensemble de notre vie, le méditer pour y lire la trace de Dieu, ce que Dieu veut nous dire?

C’est bien le chemin qu’a fait l’aveugle de l’Evangile qui progressivement passe de la cécité à la vue, de l’ignorance au savoir, et finalement à une confession de foi : « je crois Seigneur » .

C’est le chemin qui vous est proposé, à vous qui vous préparez au baptême … comme à nous tous déjà baptisés : quitter tout ce qui nous aveugle, choisir Jésus comme véritable lumière, lumière de résurrection, lumière de vie, pour – comme disait Saint Paul- devenir lumière, nous conduire comme des enfants de lumière, produire des fruits de bonté, de justice et de vérité.

Voilà ce pour quoi nous allons prier aujourd’hui. Voilà ce que le baptême viendra prolonger, baptême aussi appelé « illumination ».
«Réveille-toi, ô toi qui dors, réveille-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera ».

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE

David reçoit l’onction comme roi d’Israël (1 S 16, 1b.6-7.10-13a)

Lecture du premier livre de Samuel

En ces jours-là,
    le Seigneur dit à Samuel :
« Prends une corne que tu rempliras d’huile, et pars !
Je t’envoie auprès de Jessé de Bethléem,
car j’ai vu parmi ses fils mon roi. »
    Lorsqu’ils arrivèrent et que Samuel aperçut Éliab,
il se dit :
« Sûrement, c’est lui le messie,
lui qui recevra l’onction du Seigneur ! »
    Mais le Seigneur dit à Samuel :
« Ne considère pas son apparence ni sa haute taille,
car je l’ai écarté.
Dieu ne regarde pas comme les hommes :
les hommes regardent l’apparence,
mais le Seigneur regarde le cœur. »
    Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils,
et Samuel lui dit :
« Le Seigneur n’a choisi aucun de ceux-là. »
    Alors Samuel dit à Jessé :
« N’as-tu pas d’autres garçons ? »
Jessé répondit :
« Il reste encore le plus jeune,
il est en train de garder le troupeau. »
Alors Samuel dit à Jessé :
« Envoie-le chercher :
nous ne nous mettrons pas à table
tant qu’il ne sera pas arrivé. »
    Jessé le fit donc venir :
le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau.
Le Seigneur dit alors :
« Lève-toi, donne-lui l’onction : c’est lui ! »
    Samuel prit la corne pleine d’huile,
et lui donna l’onction au milieu de ses frères.
L’Esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là.

PSAUME

(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)

R/ Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.
(cf. Ps 22, 1)

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

DEUXIÈME LECTURE

« Relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera » (Ep 5, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères,
    autrefois, vous étiez ténèbres ;
maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ;
conduisez-vous comme des enfants de lumière
    – or la lumière
a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité –
    et sachez reconnaître
ce qui est capable de plaire au Seigneur.
    Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres,
elles ne produisent rien de bon ;
démasquez-les plutôt.
    Ce que ces gens-là font en cachette,
on a honte même d’en parler.
    Mais tout ce qui est démasqué
est rendu manifeste par la lumière,
    et tout ce qui devient manifeste est lumière.
C’est pourquoi l’on dit :
Réveille-toi, ô toi qui dors,
relève-toi d’entre les morts,
et le Christ t’illuminera.

ÉVANGILE

« Il s’en alla et se lava ; quand il revint, il voyait » (Jn 9, 1-41)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
en sortant du Temple,
    Jésus vit sur son passage
un homme aveugle de naissance.
    Ses disciples l’interrogèrent :
« Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents,
pour qu’il soit né aveugle ? »
    Jésus répondit :
« Ni lui, ni ses parents n’ont péché.
Mais c’était pour que les œuvres de Dieu
se manifestent en lui.
    Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé,
tant qu’il fait jour ;
la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler.
    Aussi longtemps que je suis dans le monde,
je suis la lumière du monde. »
    Cela dit, il cracha à terre
et, avec la salive, il fit de la boue ;
puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,
    et lui dit :
« Va te laver à la piscine de Siloé »
– ce nom se traduit : Envoyé.
L’aveugle y alla donc, et il se lava ;
quand il revint, il voyait.

    Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant
– car il était mendiant –
dirent alors :
« N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
    Les uns disaient :
« C’est lui. »
Les autres disaient :
« Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. »
Mais lui disait :
« C’est bien moi. »
    Et on lui demandait :
« Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »
    Il répondit :
« L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue,
il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit :
‘Va à Siloé et lave-toi.’
J’y suis donc allé et je me suis lavé ;
alors, j’ai vu. »
    Ils lui dirent :
« Et lui, où est-il ? »
Il répondit :
« Je ne sais pas. »

    On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle.
    Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue
et lui avait ouvert les yeux.
    À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir.
Il leur répondit :
« Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé,
et je vois. »
    Parmi les pharisiens, certains disaient :
« Cet homme-là n’est pas de Dieu,
puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. »
D’autres disaient :
« Comment un homme pécheur
peut-il accomplir des signes pareils ? »
Ainsi donc ils étaient divisés.
    Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle :
« Et toi, que dis-tu de lui,
puisqu’il t’a ouvert les yeux ? »
Il dit :
« C’est un prophète. »
    Or, les Juifs ne voulaient pas croire
que cet homme avait été aveugle
et que maintenant il pouvait voir.
C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents
    et leur demandèrent :
« Cet homme est bien votre fils,
et vous dites qu’il est né aveugle ?
Comment se fait-il qu’à présent il voie ? »
    Les parents répondirent :
« Nous savons bien que c’est notre fils,
et qu’il est né aveugle.
    Mais comment peut-il voir maintenant,
nous ne le savons pas ;
et qui lui a ouvert les yeux,
nous ne le savons pas non plus.
Interrogez-le,
il est assez grand pour s’expliquer. »
    Ses parents parlaient ainsi
parce qu’ils avaient peur des Juifs.
En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord
pour exclure de leurs assemblées
tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ.
    Voilà pourquoi les parents avaient dit :
« Il est assez grand, interrogez-le ! »

    Pour la seconde fois,
les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle,
et ils lui dirent :
« Rends gloire à Dieu !
Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »
    Il répondit :
« Est-ce un pécheur ?
Je n’en sais rien.
Mais il y a une chose que je sais :
j’étais aveugle, et à présent je vois. »
    Ils lui dirent alors :
« Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »
    Il leur répondit :
« Je vous l’ai déjà dit,
et vous n’avez pas écouté.
Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ?
Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? »
    Ils se mirent à l’injurier :
« C’est toi qui es son disciple ;
nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples.
    Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ;
mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »
    L’homme leur répondit :
« Voilà bien ce qui est étonnant !
Vous ne savez pas d’où il est,
et pourtant il m’a ouvert les yeux.
    Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs,
mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce.
    Jamais encore on n’avait entendu dire
que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance.
    Si lui n’était pas de Dieu,
il ne pourrait rien faire. »
    Ils répliquèrent :
« Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance,
et tu nous fais la leçon ? »
Et ils le jetèrent dehors.

    Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors.
Il le retrouva et lui dit :
« Crois-tu au Fils de l’homme ? »
    Il répondit :
« Et qui est-il, Seigneur,
pour que je croie en lui ? »
    Jésus lui dit :
« Tu le vois,
et c’est lui qui te parle. »
    Il dit :
« Je crois, Seigneur ! »
Et il se prosterna devant lui.

    Jésus dit alors :
« Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement :
que ceux qui ne voient pas
puissent voir,
et que ceux qui voient
deviennent aveugles. »
    Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui
entendirent ces paroles et lui dirent :
« Serions-nous aveugles, nous aussi ? »
    Jésus leur répondit :
« Si vous étiez aveugles,
vous n’auriez pas de péché ;
mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’,
votre péché demeure. »

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