Homélie – 03 nov 2019 – 31ème dimanche ordinaire (C)

Homélie et Lectures de la Messe

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Homélie:

Zachée serait sans doute le premier étonné de savoir que l’on parle encore de lui,   et plus encore de savoir qu’il nous est plutôt sympathique. C’est que Zachée a la cote au caté : il est souvent plus connu que plusieurs  des apôtres ! Cette renommée au 21e siècle tranche avec le mépris auquel il avait droit à l’époque où il vivait. Pensez-donc : pécheur, collaborateur, voleur !

Evidemment ce n’est pas cela qui nous le rend sympathique, mais bien la conversion qui s’opère, attestée par un changement de comportement radical ! Il a suffi d’un regard et d’une parole de Jésus pour que celui qui était connu comme pécheur, collaborateur, voleur devienne juste et généreux !

Un regard et une parole justement : Jésus nous apprend que cela suffit pour changer une vie. Zachée était enfermé par le regard posé sur lui. Saint Luc précise qu’il était de petite taille. Combien de moqueries avait-il subi à cause de cela ? L’évangile ne le dit  pas, mais on peut penser que comme aujourd’hui, il souffrait du regard de mépris, de peur ou de gêne dont se plaignent souvent les personnes handicapées. L’actualité récente a aussi pointé la souffrance des enfants harcelés à l’école, pris comme souffre-douleur, simplement parce qu’ils sont vus comme « différents ». 

Ainsi il y a  des regards qui enferment et qui détruisent l’homme. Et saint Luc nous dit que c’est bien ainsi que l’on regardait Zachée : « tous récriminaient : ‘Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur’». Pas quelques-uns dans la foule : tous ! Pensez donc : aller chez un publicain, pire chez le chef des publicains, le chef des parias !

Quel scandale ! quelle horreur ! 

Sauf qu’un regard et une parole de Jésus vont tout changer pour Zachée : un regard et une parole qui sauvent , un regard et une parole qui transforment une vie, un regard et une parole qui font que 2000 ans après , on parle encore de Zachée et qu’il nous est devenu sympathique. Cependant, tant pis pour les fans de Zachée, ce n’est pas lui qui est en centre de l’Evangile : c’est Jésus. Sans l’intervention de Jésus, Zachée serait resté un petit curieux qui se débrouille pour voir sans être vu. Zachée voulait voir Jésus, et voilà que Jésus lève les yeux sur lui : Jésus veut rencontrer Zachée, et c’est  parce que Jésus rencontre Zachée que tout change pour ce dernier. 

Un regard qui transforme : c’est déjà le premier message que Jésus nous adresse , le regard qu’il pose sur nous, le regard qu’il attend que nous posions sur les autres . 

Je cite ce propos de Philippe de Lachapelle, directeur de l’Office chrétien des Personnes Handicapées : « Plus j’ai une image dégradée de moi, plus j’ai besoin du regard de l’autre qui va me redire ma dignité. Ce n’est pas le regard de l’autre qui fait la dignité, elle existe en soi ; mais le regard de l’autre la révèle ». 

Nous pouvons par notre regard être les révélateurs de la dignité des personnes qui nous entourent, dignité qui leur vient de Dieu, comme nous le faisait entendre magnifiquement le Livre de la Sagesse dans cette prière à Dieu : « Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé.»

Soyons ces révélateurs de l’amour de Dieu pour tous ceux qu’il a créé,  par le regard que nous portons sur eux.

Le regard de Jésus s’accompagne d’une parole, parole de miséricorde, parole qui sauve.  L’Evangile nous rapporte 2 paroles de Jésus : la première « aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison.» conduira à la transformation de Zachée , attestée par la seconde parole:  «  Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison ».

Vous avez repéré qu’à deux reprises, saint Luc emploie le mot « aujourd’hui ». 

Ce n’est pas neutre : pour saint Luc, cet « aujourd’hui »  exprime que Dieu est en train d’agir. Pensez à l’évangile de Noël : « aujourd’hui vous est né un Sauveur » ; au moment où Jésus commente un passage d’Isaïe dans la synagogue disant  : « l’Esprit du Seigneur est sur moi… Cette parole de l’Ecriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit »,  au bon larron sur la croix : « aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis ».  Chaque fois, le mot aujourd’hui vient dire que Dieu est en train d’agir.

Dans les versets qui précèdent l’Evangile de ce jour,  Jésus affirmait: «il est plus facile à un chameau d’entrer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu.» A la  la question inquiète « Mais alors, qui peut être sauvé ? » il a répondu : « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. » . Voilà ce que Jésus confirme en agissant pour Zachée  : « aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison ». L’aujourd’hui de l’Evangile rejoint notre aujourd’hui, ce que Jésus veut faire en nous, ce qu’il veut faire avec nous. 

De même l’expression : « il faut que » insiste sur cette réalisation de l’œuvre de Dieu. Rappelez-vous les paroles aux disciples d’Emmaüs : « ne fallait-il pas que le Messie souffrit tout cela pour entrer dans sa gloire ? ». Zachée était mûr pour la rencontre de Dieu. Oui, il fallait que Jésus le rencontre : il était prêt !

Enfin la scène se passe à Jéricho : le lieu n’est pas neutre non plus ;  Jéricho, c’est la ville la plus basse du monde, à 300m en dessous du niveau de la mer. Jésus n’ira pas plus bas. Juste après commencera  pour lui la dernière ligne droite vers Jérusalem (et ça grimpe !). Zachée, chef des parias, c’était un peu le plus bas, le plus méprisé, que Jésus vient relever. 

Saint Luc vient en quelque sorte nous dire : Si Jésus a pu faire cela aussi vite pour Zachée, il peut le faire pour chacun. A chacun il dit  :  « aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Jésus veut habiter chez nous, demeurer en nous. Il s’invite chez nous, et nous l’accueillons à chaque communion : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». 

La rencontre avec Jésus a transformé Zachée , qui au-delà une simple réparation des tords , se montre  joyeux de donner, de partager.    

Alors dans l’élan de la Toussaint et son appel à suivre chacun notre chemin de sainteté,  que le regard de Jésus sur nous et sa parole suscitent aussi un changement d’attitude , suscitent la joie de donner, la joie de révéler à d’autres – particulièrement les blessés de la vie –  qu’ils sont aimés de Dieu, que Dieu veut agir en eux comme en nous.

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE

« Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu aimes tout ce qui existe » (Sg 11, 22 – 12, 2)

Lecture du livre de la Sagesse

Seigneur, le monde entier est devant toi
comme un rien sur la balance,
comme la goutte de rosée matinale
qui descend sur la terre.
    Pourtant, tu as pitié de tous les hommes,
parce que tu peux tout.
Tu fermes les yeux sur leurs péchés,
pour qu’ils se convertissent.
    Tu aimes en effet tout ce qui existe,
tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ;
si tu avais haï quoi que ce soit,
tu ne l’aurais pas créé.
    Comment aurait-il subsisté,
si tu ne l’avais pas voulu ?
Comment serait-il resté vivant,
si tu ne l’avais pas appelé ?
    En fait, tu épargnes tous les êtres, parce qu’ils sont à toi,
Maître qui aimes les vivants,
     toi dont le souffle impérissable les anime tous.

    Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu,
tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent,
pour qu’ils se détournent du mal
et croient en toi, Seigneur.

    – Parole du Seigneur.

PSAUME

(Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14)

R/ Mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
(Ps 144, 1)

Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Le Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent,
il redresse tous les accablés.

DEUXIÈME LECTURE

« Le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous, et vous en lui » (2 Th 1, 11 – 2, 2)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

Frères,
     nous prions pour vous à tout moment
afin que notre Dieu vous trouve dignes
de l’appel qu’il vous a adressé ;
par sa puissance,
qu’il vous donne d’accomplir tout le bien que vous désirez,
et qu’il rende active votre foi.
    Ainsi, le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous,
et vous en lui,
selon la grâce de notre Dieu
et du Seigneur Jésus Christ.

     Frères, nous avons une demande à vous faire
à propos de la venue de notre Seigneur Jésus Christ
et de notre rassemblement auprès de lui :
    si l’on nous attribue une inspiration, une parole ou une lettre
prétendant que le jour du Seigneur est arrivé,
n’allez pas aussitôt perdre la tête,
ne vous laissez pas effrayer. »

    – Parole du Seigneur.

ÉVANGILE

« Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 1-10)

Alléluia. Alléluia.
Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle.
Alléluia. (Jn 3, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait.
    Or, il y avait un homme du nom de Zachée ;
il était le chef des collecteurs d’impôts,
et c’était quelqu’un de riche.
    Il cherchait à voir qui était Jésus,
mais il ne le pouvait pas à cause de la foule,
car il était de petite taille.
    Il courut donc en avant
et grimpa sur un sycomore
pour voir Jésus qui allait passer par là.
    Arrivé à cet endroit,
Jésus leva les yeux et lui dit :
« Zachée, descends vite :
aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. »
    Vite, il descendit
et reçut Jésus avec joie.
    Voyant cela, tous récriminaient :
« Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. »
    Zachée, debout, s’adressa au Seigneur :
« Voici, Seigneur :
je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens,
et si j’ai fait du tort à quelqu’un,
je vais lui rendre quatre fois plus. »
    Alors Jésus dit à son sujet :
« Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison,
car lui aussi est un fils d’Abraham.
    En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver
ce qui était perdu. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

 

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