Homélie – 01 nov 2019 – Toussaint

Homélie et Lectures de la Messe

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Homélie:

« Soyez dans la joie et l’allégresse » : cette parole de Jésus qui conclue l’Evangile de cette fête de la Toussaint – évangile dit des Béatitudes – ont inspiré le titre de l’exhortation du pape François : « la joie et l’allégresse » dans laquelle il nous invite tous à la sainteté et médite cet Evangile des Béatitudes. 

La Toussaint nous fait reconnaître que sainteté, bonheur et joie vont ensemble. Cela n’est peut-être pas si évident pour nous ! 

« Heureux », tel est pourtant  le premier mot que Jésus prononce, et répète, dans ce premier discours sur la montagne. Jésus nous veut heureux, nous commande d’être heureux. Le bonheur qu’il propose n’est pas un acquis de sécurité tranquille, c’est une dynamique. l’Israélien Chouraqui , dans sa traduction de la Bible a retenu « en marche » en s’appuyant sur l’hébreu et ,non   « heureux » ou « bienheureux » qui dérivent plutôt du grec . « En marche les pauvres de cœur, les cœurs purs, les miséricordieux, ceux qui pleurent, les artisans de paix… »

 En marche, car Dieu les appelle à autre chose : il est déjà en train de leur donner part à  son Royaume, de les consoler, de se révéler à eux.

C’est ce que nous dit Saint Jean : « dès maintenant nous sommes enfants de Dieu mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. »

Ainsi, le bonheur proposé par Jésus dans les Béatitudes  est un chemin vers Dieu. Il ne s’agit pas tant d’être heureux que de marcher sur un chemin  de bonheur déjà commencé, un chemin qui nous mène à Dieu, nous fait participer à la sainteté de Dieu, à la joie de Dieu. 

Les Béatitudes sont donc d’abord une promesse de Dieu de nous faire participer à sa sainteté. Car la sainteté appartient à Dieu, mais il ne la garde pas pour lui, il la partage. C’est ce qu’exprime  la prière eucharistique « Toi qui est vraiment saint, toi qui est la source de toute sainteté », la sainteté de Dieu est une source qui coule et vient abreuver les hommes et les femmes qui acceptent de se donner à Dieu, de se laisser remplir par cette source divine. 

Les Béatitudes sont ainsi fondamentalement  la carte d’identité de Jésus. Sur la montagne, Jésus inaugure son propre itinéraire par ces mots « heureux – en marche » . Le bonheur de Jésus est d’être à la place où son Père veut qu’il soit, d’orienter sa vie en fonction de la mission pour laquelle il a été envoyé, qui est de se donner à nous . Sa joie vient de son union à la source paternelle qui irrigue sa vie, qui lui donne d’être ce pauvre de cœur, cet artisan de paix, doux et humble de cœur, miséricordieux, cet assoiffé de justice, celui qui pleure et que l’on persécute. Jésus révèle en plénitude cette sainteté de Dieu. Et le chemin du bonheur que Jésus  propose, c’est ce qui fait le bonheur de Dieu, c’est le programme de vie qu’il va suivre et qu’il propose à ses disciples. 

Et donc, si les Béatitudes sont la carte d’identité de Jésus, elles  deviennent en quelque sorte la carte d’identité du chrétien : chacun de nous est invité comme les disciples de l’Evangile à s’approcher de Jésus , à accueillir le regard  de Jésus posé sur lui, à entendre dans sa parole une promesse de vie, une promesse de bonheur, qui n’est jamais seulement pour demain, mais commence aujourd’hui.

C’est bien ce que nous montrent les  saints que l’Eglise célèbre aujourd’hui. 

Ils  ont trouvé dans ces béatitudes une lumière pour leur vie. Et ils nous stimulent pour que nous désirions nous engager dans ce chemin des béatitudes. 

Ces saints connus nous aident à comprendre que   la sainteté ne nous demande pas d’être des héros, des gens sans défauts. Les saints témoignent souvent de leur pauvreté et de leur péché, mais parce qu’ils se sont mis à l’écoute et à l’école de Jésus, ils ont appris à l’aimer et à vouloir  lui ressembler. 

Les saints qui sont déjà parvenus en la présence de Dieu gardent avec nous des liens d’amour et de communion. 

Toutefois,  même si les Béatitudes sont notre identité chrétienne, sont notre chemin de sainteté, la question qui se pose alors, c’est de savoir si nous en voulons !Pas si sûr que la perspective d’être saints nous enthousiasme au point d’y consacrer notre vie !  

Voulons-nous être des saints ? Nous commençons par penser : c’est trop difficile, et même impossible. Il y a bien trop d’efforts à faire . Sauf que Jésus nous montre qu’il n’a rien fait pour mériter d’être le Fils de Dieu égal au Père : il a tout reçu de lui. Sauf que les saints nous disent que la sainteté ne se mérite pas, elle se reçoit de la bonté de Dieu. Pour recevoir cette sainteté, il  nous faut d’abord consentir à la difficulté de nous changer nous-mêmes et demander à Dieu de le faire. Accueillir la sainteté, c’est ouvrir la porte de notre cœur. 

Voulons-nous être des saints ? je vois un  autre obstacle : nous n’avons peut-être pas tellement envie de mener la vie qu’ont connue les saints qui nous sont donnés en exemple… elle est si loin de notre quotidien ! Mais là encore ce n’est pas cela qui nous est demandé. Le pape François nous le dit dans « La joie et l’allégresse » :  « Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve ». Il ne s’agit pas d’imiter tel ou tel saint, «  ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui. »  Il y en a pour tous les états de vie, pour toutes les circonstances de la vie !   

Voulons-nous être des saints ? Dernier obstacle que je repère : se satisfaire d’une vie trop étriquée, ce à quoi le pape répond : « N’aie pas peur de viser plus haut, de te laisser aimer et libérer par Dieu. N’aie pas peur de te laisser guider par l’Esprit Saint. La sainteté ne te rend pas moins humain, car c’est la rencontre de ta faiblesse avec la force de la grâce. Au fond, comme disait Léon Bloy, dans la vie « il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints ». 

Alors accueillons dans la joie d’être des saints. A tous, bonne fête de Toussaint !

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE

« Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » (Ap 7, 2-4.9-14)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean,
    j’ai vu un ange
qui montait du côté où le soleil se lève,
avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ;
d’une voix forte, il cria aux quatre anges
qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer :
    « Ne faites pas de mal à la terre,
ni à la mer, ni aux arbres,
avant que nous ayons marqué du sceau
le front des serviteurs de notre Dieu. »
    Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau :
ils étaient cent quarante-quatre mille,
de toutes les tribus des fils d’Israël.

    Après cela, j’ai vu :
et voici une foule immense,
que nul ne pouvait dénombrer,
une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.
Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau,
vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.
    Et ils s’écriaient d’une voix forte :
« Le salut appartient à notre Dieu
qui siège sur le Trône
et à l’Agneau ! »
    Tous les anges se tenaient debout autour du Trône,
autour des Anciens et des quatre Vivants ;
se jetant devant le Trône, face contre terre,
ils se prosternèrent devant Dieu.
    Et ils disaient :
« Amen !
Louange, gloire, sagesse et action de grâce,
honneur, puissance et force
à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! »
    L’un des Anciens prit alors la parole et me dit :
« Ces gens vêtus de robes blanches,
qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? »
    Je lui répondis :
« Mon seigneur, toi, tu le sais. »
Il me dit :
« Ceux-là viennent de la grande épreuve ;
ils ont lavé leurs robes,
ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. »

    – Parole du Seigneur.

PSAUME

(Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6)

R/ Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur. (cf. Ps 23, 6)

Au Seigneur, le monde et sa richesse,
la terre et tous ses habitants !
C’est lui qui l’a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.

Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
L’homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche ta face !

DEUXIÈME LECTURE

« Nous verrons Dieu tel qu’il est » (1 Jn 3, 1-3)

Lecture de la première lettre de saint Jean

Bien-aimés,
    voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfants de Dieu
– et nous le sommes.
Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas :
c’est qu’il n’a pas connu Dieu.
    Bien-aimés,
dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu,
mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.
Nous le savons : quand cela sera manifesté,
nous lui serons semblables
car nous le verrons tel qu’il est.
    Et quiconque met en lui une telle espérance
se rend pur comme lui-même est pur.

    – Parole du Seigneur.

ÉVANGILE

« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12a)

Alléluia. Alléluia.
Venez à moi,
vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,
dit le Seigneur,
et moi, je vous procurerai le repos.
Alléluia. (Mt 11, 28)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
    voyant les foules, Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
    Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
    « Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
    Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
    Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
    Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
    Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
    Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
    Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
    Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

 

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